jeun (à)

jeun (à)

⇒JEUN (À), loc. adv. ou adj.
A. — Dans l'état d'une personne qui ne s'est pas alimentée depuis un certain temps. Boire, être, rester à jeun; estomac à jeun. L'opération se fait sur des sujets à jeun, en état de repos musculaire complet et à la température normale d'équilibre (Hist. sc., 1957, p. 1393).
En partic., dans le lang. de l'Église cath. Être à jeun. N'avoir ni bu ni mangé depuis minuit (d'apr. LITTRÉ).
En partic., fam. [En parlant d'un ivrogne] Dans l'état d'une personne qui n'a pas encore bu. Pour quitter ses quartiers, il avait dû (...) enivrer d'eau-de-vie les simples cosaques, qui, à jeun, n'eussent peut-être pas consenti à le laisser partir (MÉRIMÉE, Cosaques d'autrefois, 1865, p. 217) :
Jamais je n'ai rencontré dans ma vie une telle pocharde, et si drôle. Elle avait l'ivresse tendre, amoureuse, passionnée, surtout avec les femmes. Les vices qu'elle cachait à jeun sous un masque d'austérité comique se révélaient alors en toute leur beauté grotesque.
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 116.
B. — Au fig. En étant privé de, en état de vide. À jeun de sommeil, de supplice. Il était à jeun d'esprit, et empressé de verser sur quelque sujet le trop-plein de ses tiroirs. Mais quel sujet plus à propos et plus engageant pour lui que celui de Voiture! (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 12, 1856, p. 216). Naples est repue de lyrisme, ayant Virgile et Horace. Marseille est à jeûn, ayant été laissée de côté, je ne sais pourquoi, par Mistral (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 116).
Arg. Vide. Si ta filoche (bourse) est à jeun (vide), l'ogresse du tapis-franc te fera crédit sur ta bonne mine (SUE, Myst. Paris, t. 1, 1842, p. 8).
Prononc. et Orth. : [(a)]. Att. ds Ac. dep. 1694. Jeûn (L. DAUDET, loc. cit.) d'apr. jeûne. Étymol. et Hist. 1216 (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, 141, 21 ds T.-L.). Composé de la prép. à et de l'adj. a. fr. jeun « à jeun » (1174 GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St. Thomas, 6045 ds T.-L.), du lat. jejunus « qui n'a rien mangé, à jeun » fig. « aride; creux, maigre; dépourvu de ». Fréq. abs. littér. : 218. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 249, b) 587; XXe s. : a) 360, b) 182.

jeun (à) [aʒœ̃] loc. adv.
ÉTYM. Déb. XIIIe; également adj. jusqu'au XVIe; du lat. jejunus, même sens (→ aussi Jeûner).
(Déb. XIIIe). Sans avoir rien mangé de la journée, avec l'estomac vide. || Être à jeun (→ Faiblesse, cit. 10). || Un loup à jeun et affamé (→ Attirer, cit. 5). || Partir, marcher à jeun (→ Estafilade, cit.). || Rester à jeun. Jeûne (faire), jeûner. || Être à jeun pour communier.Remède qu'il faut prendre à jeun.
1 Celui qui boit à jeun trois fois cette fontaine,
Soit passant ou voisin, il devient amoureux.
Ronsard, Sonnets pour Hélène, II, « Stances… »
2 Vraiment, nous voici bien : lorsque je suis à jeun,
Tu me viens parler de musique.
La Fontaine, Fables, IX, 18.
3 Il arriva vers huit heures et demie du soir, presque à jeun, et tellement épuisé par la faim et par la douleur, qu'il écouta la Vauthier lorsqu'elle lui proposa de prendre part à son souper (…)
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 406.
4 Un galant à jeun ne sait point trouver de jolies paroles comme celui qui s'est éclairci les idées avec une petite pointe de vin.
G. Sand, la Mare au diable, XII.
5 Jacques finit par échouer à la table d'un café de la place de la Bastille. À jeun depuis hier, il avait soif et faim.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 141.
(1846, Sand). Fam. Se dit d'une personne, et, spécialt, d'un ivrogne qui n'a encore rien bu. || Quand il est à jeun, il n'est pas méchant.
CONTR. Rassasié, repu, soûl.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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